S’il y a bien quelque chose qui devrait être sur notre radar, c’est la présence de métaux lourds qui touche presque chaque Français, enfants compris. L’enquête Esteban, pilotée par Santé Publique France, révèle que ces substances indésirables circulent dans nos assiettes et coulent dans nos verres, avec des niveaux d’exposition qui font froncer les sourcils des experts de santé. En fer de lance du problème, on retrouve le cadmium, l’arsenic, le plomb et le chrome, dont les valeurs mesurées dépassent largement celles considérées comme sûres.

Le détonateur de cette situation préoccupante ? Notre nourriture, bien sûr ! Le poisson, les fruits de mer et même certains produits de l’agriculture biologique, qui promettaient pourtant santé et bien-être, sont concernés. Et pour les petits matins ensoleillés, les céréales du petit-déjeuner partagent la vedette, surtout auprès de nos bouts de chou. Avancer dans cette prise de conscience est un premier pas vers des choix alimentaires plus éclairés et responsables.

Quelle étude est-ce exactement ?

La recherche menée par Santé Publique France a examiné un échantillon diversifié qui comprenait 2503 adultes et 1104 enfants. Ces 3600 participants ont été impliqués dans une série de tests méticuleux. Ils ont fourni des prélèvements sanguins, des échantillons d’urine et effectué des analyses capillaires. Un questionnaire approfondi a également été utilisé pour mieux comprendre les modes de vie des participants. L’objectif ? Détecter la présence éventuelle de 27 métaux lourds dans le corps humain.

Cette étude complète un rapport de 2019 sur les substances d’usage quotidien et les conclusions de mars 2020 concernant le plomb. Elle fait également référence à l’étude ENNS de 2006-2007, qui avait déjà révélé une contamination au mercure et au nickel parmi les Français. Cependant, l’étude Esteban se distingue comme la première à explorer le degré d’imprégnation des métaux lourds chez les enfants.

Une situation préoccupante révélée par Santé Publique France

Plus qu’une simple exposition, Santé Publique France illustre dans son rapport que les taux des métaux lourds enregistrés ne vont pas dans la bonne direction. Les chercheurs soulignent particulièrement l’augmentation des niveaux de cadmium, d’arsenic et de chrome par rapport aux données antérieures. Une pression supplémentaire est ajoutée par le fait que les taux de mercure, arsenic, plomb et cadmium dépassent les valeurs-guides fixées par les autorités sanitaires.

Le cadmium en tête des préoccupations

Le cadmium attire une attention particulière de la part des scientifiques. Ils ont relevé un niveau de cadmiurie supérieur aux normes recommandées par l’Anses chez près de la moitié de la population adulte française testée. Comparés aux statistiques mondiales, ces résultats, déjà alarmants, deviennent plus préoccupants. En France, l’exposition aux métaux lourds, aussi bien chez les enfants que les adultes, est plus élevée que dans la majorité des pays européens et nord-américains, à l’exception du nickel et du cuivre. Une bonne nouvelle toutefois : les taux de ces deux substances ont stagné depuis l’étude ENNS de 2006-2007.

D’où vient cette contamination ?

Les raisons de l’exposition aux métaux lourds sont aussi variées que l’origine elle-même de ces métaux dans notre environnement. Par exemple, on a découvert que certains implants médicaux peuvent provoquer une exposition au chrome, tandis que les plombages dentaires peuvent entraîner une contamination par le mercure. Le tabac, quant à lui, est une source notable de cadmium et de cuivre.

Mais si l’on doit pointer du doigt une cause principale, c’est bien notre alimentation. Selon Santé Publique France, la consommation de poissons et de fruits de mer, malgré leurs vertus nutritionnelles largement reconnues, cause une concentration de mercure, arsenic, cadmium et chrome. Même les produits de l’agriculture biologique ne sont pas exempts, étant liés spécifiquement à une accumulation de cuivre dans l’organisme.

Plus surprenant encore, certaines céréales de petit-déjeuner contribuent à une exposition au cadmium, surtout chez les enfants. L’étude Esteban met en lumière que cette contamination intervient depuis le sol jusqu’à notre assiette. Cela s’explique aussi par l’utilisation d’engrais phosphatés et de fertilisants riches en cadmium.

Les effets des métaux lourds sur notre corps

La présence de métaux lourds dans votre organisme n’est pas sans conséquences. Ces substances se manifestent souvent par des symptômes légers, difficiles à détecter : maux de tête, fatigue persistante ou douleurs articulaires.

Lien entre métaux lourds et troubles psychologiques

Il est aussi possible d’associer la présence de métaux lourds dans le sang à des problèmes psychologiques, tels que la dépression. Les troubles digestifs ou du sommeil ne sont pas en reste.

Impacts sur le système nerveux et la santé chronique

Les métaux lourds, connus pour leurs effets néfastes sur le système nerveux, sont souvent à l’origine de maladies chroniques, de déficiences immunitaires ou même de cancers. Les reins, le foie, les voies respiratoires peuvent également être touchés, tout comme le risque accru de maladies telles que le diabète ou la sclérose en plaques.

Comment minimiser les risques liés aux métaux lourds?

Vous le devinez peut-être, il s’agit principalement de modifier certaines habitudes pour réduire notre imprégnation aux métaux lourds. Arrêter de fumer est un excellent point de départ, mais il ne faut pas négliger le tabagisme passif, car dans les deux cas, votre exposition est accrue. Pour les fumeurs, cela peut conduire à une augmentation de plus de 50% de l’imprégnation.

Revoir son alimentation est souvent plus complexe. Santé Publique France propose d’ailleurs quelques pistes. Une des recommandations clés est de diversifier vos sources alimentaires, en particulier pour le poisson. Consommer du poisson deux fois par semaine est conseillé, avec un repas comprenant un poisson gras. Idéalement, variez également les espèces et les zones de pêche pour réduire les risques liés aux contaminants.